La Face Est – Collectif Freeride

Genèse & inspiration

La face est est le résultat de plusieurs saisons de ski freeride sur la station de Luz Ardiden à la recherche de belles lignes et de personnes avec qui le partager. Cette envie de fédérer et de mettre en lumière des spots discrets de l’avant du massif d’Ardiden a d’abord vu le jour sous la forme d’un topo de ski freeride : "Topo Freeride Luz Ardiden". Le topo, qui dans le fond se consacre totalement au ski freeride, est par sa forme bien plus proche d’un topo d’escalade que d’un topo de ski de randonnée. Il est inspiré d’un équivalent, "Squallywood", un topo de ski freeride qui compile de nombreuses lignes sur la station de Palisades en Californie. On y retrouve des lignes très connues sur des spots comme The Eagle’s Nest ou The Fingers. Il a été réalisé par Robb Gaffney, le frère de Scott Gaffney qui travaille pour Matchstick Prod. ou encore les Natural Selection comme directeur cinématographique. Robb est malheureusement décédé d’un cancer durant l’été 2023, et c’est cette photo ci-dessous, extraite d’un article consacré à sa mémoire, qui a été l’élément déclencheur de la réalisation du topo sur Luz Ardiden.

Si ce format existe déjà en Californie, pourquoi pas en Haute-Bigorre ?

Un an plus tard le topo sortait en librairie. La réalisation du topo a permis ce constat : toutes les lignes compilées dans le topo sont sur des faces orientées est, et ce n’est pas un hasard. En effet, on retrouve en haut de ces faces un détail frappant : des corniches qui les surplombent. Celles-ci nous indiquent l’orientation du vent lors des chutes. Ces faces sont en fait majoritairement sous le vent dominant de nord-ouest.

Pourquoi le freeride c’est mieux sous le vent, vous demandez-vous ?

En fait, le vent vient arracher toute la neige dans les pentes exposées au vent et vient la déposer derrière les crêtes dans les pentes "sous le vent".

La face au vent se voit alors dégarnie de sa neige. Si ses creux peuvent être remplis, ses croupes sont poncées jusqu’au sol. Cela rend le terrain très homogène et régulier, avec une qualité de neige très médiocre, beaucoup de sharks, et des rochers non recouverts, pas vraiment désirables pour du freeride.

La face sous le vent, elle, se voit recouverte à la fois de la neige qui lui tombe directement dessus mais aussi et surtout de la neige arrachée à la face au vent. Cela multiplie les cumuls de neige. Protégée du vent, son terrain ne se retrouve pas gommé : tous les talwegs, les croupes, sont recouverts de manière plus homogène. Si le terrain, vierge de manteau, est très hétérogène, il conserve alors cette morphologie, et présente de beaux drops, de jolies spines, et tout un tas de formes diverses, très inspirantes pour le freeride.

Aussi, ce vent dominant, hors des périodes nivales, participe par érosion à rendre les faces exposées plus lisses que les faces protégées qui gardent leur morphologie hétérogène.

Ce n’est d’ailleurs pas nouveau, vous remarquerez que dans les grosses prods de ski, sur des spots "spinés", ça droppe au départ sous les corniches.

Généralisant ce principe à toute la Haute-Bigorre qui est, comme Luz Ardiden, exposée au vent de nord-ouest (au moins pour le nord du massif), l’idée de "La Face Est" était née.

Concrétisation

Après un discret partage de ce concept sur les réseaux sociaux, un collectif officieux de freerider.euses mixte a vu le jour, un groupe à la recherche de spots pour le freeride, avec une définition très précise de celui-ci. Une symbiose entre un mouvement et le terrain, où une ligne, unique et modelée par les formes de la montagne, se détache du freeride "de couloir" plus répandu dans les Pyrénées. Notre style est bien plus une recherche d’esthétique qu’une recherche systématique de raideur et d’exposition, qu’il préfère laisser aux skieurs de pentes raides et autres alpinistes.

De plus, cette symbiose induit une pratique singulière de la glisse, une pratique "endémique", avec une compréhension précise du climat local. Dans un monde lissé par la permanente recherche de performance, de rentabilité et de domination, trop souvent l’unique motivation de toutes initiatives, elle participe à recréer de la diversité culturelle.

Notre collectif a passé l’hiver 2024-2025 à arpenter la Haute-Bigorre pour concrétiser cette idée de la face est. Après plusieurs sorties auto-organisées (sans encadrant, sous la responsabilité de chacun.e) grâce à une conv WhatsApp, le résultat dépassa bien souvent nos attentes avec la découverte de plusieurs spots magnifiques.

D’autant plus que certains de ces spots, larges, courts et plus ou moins raides, correspondent tout à fait à notre esprit de pratique collective rassurante, sécurisante et plus amusante du freeride. Ils nous permettent de nombreuses répétitions, et proposent une grande diversité de lignes rendant la pratique accessible à un groupe avec des niveaux très hétérogènes.

Pourquoi une association ?

À l’aube de l’hiver 2025-2026, notre collectif se formalise et devient une association 1901. Ce statut nous permet plus de visibilité, attirant d’autres personnes inspirées par l’idée de la face est. Il concrétise l’existence de ce collectif et contribue à sa légitimité.

Nous souhaitons garder notre principe auto-organisationnel, qui demande à chaque adhérent.e d’être licencié dans une fédération couvrant la pratique du ski hors-piste ou du ski de randonnée, comme la FSGT, le CAF ou la FFS. Chaque adhérent participe alors aux sorties sous sa propre responsabilité.

L’adhésion à La Face Est se fait donc à prix libre ; elle inclut une carte de membre, un code d’accès au topo privé de la face est, et un accès au groupe WhatsApp de la face est.

Il sera vu avec les adhérent.e.s comment seront utilisées leurs cotisations, comme par exemple un abonnement à l’ANENA, consultable à la Maison de la Montagne d’Argelès-Gazost, domiciliation de l’asso.

Adhérer à La Face Est

En adhérant, tu soutiens le projet, tu accèdes au topo complet et tu participes à une démarche collective de partage raisonné.